Parfois, les douleurs menstruelles nous surprennent à des moments inopportuns... Lorsqu’elles arrivent au bureau, il peut s’avérer impossible de rester concentrée tant la douleur est atroce.
Si comme 50 % à 80 % des femmes vous souffrez de dysménorrhée - des règles très douloureuses - cela peut être très embarrassant. Rentrer chez soi peut apparaître comme la meilleure chose à faire…. Mais est trop souvent mal perçu par votre employeur.
Saviez-vous que dans certains pays, le congé menstruel était autorisé ?
Qu’en est-il de la France ? Notre pays, est-il prêt à passer le cap ? En quoi le congé menstruel peut-il être controversé ? Blooming, votre spécialiste de la culotte menstruelle, se penche sur la question.
Petite histoire du congé menstruel et les premiers pays adeptes.
- Le congé menstruel est apparu pour la première fois au Japon en 1925 suites à des revendications du mouvement ouvrier des femmes. À cette époque, les femmes travaillent près de 10 heures par jour. La rudesse de leur condition de travail les rend sujettes à de multiples fausses couches.
- Toujours au Japon, instauré par un bureau d’études de produit alimentaire en 1931, le congé menstruel sera officiellement mis en place par la législation en 1947. C’est aux employeurs de décider des jours d'absences et s'ils sont rémunérés ou non.
- En 1948, il est adopté par l’Indonésie où toute femme bénéficie de deux jours de congés payés par mois. Pourtant, depuis 2003, l’entreprise n’est pas dans l’obligation de payer les femmes qui prennent leur congé menstruel. Celles-ci doivent également prouver à l’employeur par un avis médical qu’elles ont leurs règles.
- La Corée du Sud adopte le congé menstruel en 2001 où chaque femme a le droit a un jour de congé non payé par mois.
- C’est au tour de Taïwan en 2013 de mettre en place le congé menstruel. Les femmes ont droit à 3 jours de congés menstruels payées par an. Pourtant, si la femme prend son congé menstruel, elle pourra constater une baisse de salaire de 50 %.
- En Zambie, les députés adoptent cette loi en 2015, appelée pudiquement la “fête des mères”. Le pays propose un jour supplémentaire de congé.
- En 2017, l’Italie vote l’intronisation d’un congé menstruel. Comme en Indonésie, un certificat médical leur sera demandé.
Le congé menstruel : une loi controversée
Selon le syndicat national japonais seulement 0,06 % des japonaises osent en prendre un en 2016 contre 26,6 % en 1965. Les règles étant un tabou ancien au Japon. 21 % des japonaises ont honte d’aborder ce sujet avec leur supérieur et 8,3 % trouvent que les démarches pour demander le congé menstruel sont trop complexes.
L’un des facteurs sous-jacents à ce faible usage du congé menstruel c’est la pression sociale qui peut dissuader les japonaises. En effet, la vie intime est tabou sur le lieu de travail et prendre un congé menstruel est mal vu. De plus, la généralisation du congé menstruel risque de renforcer un préjugé largement partagé au Japon selon lequel une femme travaillerait moins bien lorsqu’elle a ses règles. On décompte un cas similaire pour la Corée du Sud où 85 % des femmes ne prendraient pas de congé menstruel.
Certes, le congé menstruel contribue à de nombreuses femmes souffrant durant leur menstruations, pourtant, selon Muriel Jolivet, sociologue française, ce congé est controversé. Il pourrait devenir un frein dans l’égalité hommes-femmes. En offrant des congés payés supplémentaires aux femmes, les entreprises pourrait creuser les inégalités à l’embauche afin d’éviter des frais supplémentaires. L’association féministe Les Affranchies se demande comment les femmes pourraient prétendre à une égalité salariale si elles profitaient de deux jours de congés payés supplémentaires par mois. L’association propose plutôt un combat dégenré en favorisant le télétravail pour tous.
Comment le congé menstruel s’appliquerait en France ?
L’avocat Jeremie Aharfi spécialiste en droit du travail décrypte la faisabilité de ce projet pour la France.
Selon lui, ce projet pourrait être difficilement applicable pour les raisons suivantes :
- Définition : Il est difficile d’évaluer la douleur du cycle menstruel étant donné qu’elle est propre à chacune. Chaque femme étant différente, le plus difficile sera d’établir la durée type du congé
- Contrôle : Faudrait-il présenter un certificat médical attestant une dysménorrhée ou une endométriose ? Le corps médical a longtemps minorisé les douleurs menstruelles laissant parfois pour compte certaines endométrioses. Cela pourrait ainsi clore la confidentialité de la santé intime de l’employée.
- Prise en charge : Le congé serait-il pris en charge par l’employeur ou par la sécurité sociale ?
La solution pourrait ainsi se trouver dans un renforcement du télétravail occasionnel pour les entreprises. Un simple échange de mail entre l’employeur et l’employée pour formaliser tout cela. En utilisant le télétravail, le contrat ne serait pas suspendu, et l’employée pourrait continuer la même prestation que ses collègues mais dans un cadre plus confortable.