L’empowerment ou sa version franco-québécoise, “l’empouvoirement”, c’est quoi ? C’est d’abord des concepts bien positifs comme on les aime chez Blooming puisqu’il s’agit de mêler acceptation de soi, communauté, confiance, pouvoir et ambition 🔥. Dans cet article, on revient sur ce terme pour découvrir comment il sert la cause des femmes tout en étant parfois récupéré par les marques et pourquoi Beyoncé en est devenu le symbole...
Se battre pour soi
L’empowerment est un concept né aux États-Unis. Dans son livre The Empowerment Tradition in American Social Work (1994), l’historienne Barbara Levy Simon parle des années 1890 qui voient naître la « première vague » du féminisme et les prémices de ce qui sera le mouvement Black Power. On trouve là les deux bases de l’empowerment :
- La constitution d’individus qui ont des problématiques communes en une communauté...
- Prête à défendre ses droits.
Les bases de l’empowerment sont là : l’auto-responsabilisation d’individus prêts à se battre pour eux-mêmes et reprendre le pouvoir sur leur vie. Il y a une idée de pouvoir et de capacité 💪.
Vous vous souvenez du slogan « ne me libère pas, je m’en charge ! » du mouvement de libération des femmes (MLF) dans les années 1960-1970 ? Il y avait clairement de l’empowerment dans l’air… 😲
L’empowerment, un besoin pour les femmes du monde entier
Même si les choses changent, aujourd’hui encore, plus de 60 millions de filles sont privées de leur droit à l’éducation, 155 pays conservent des lois discriminatoires à l’égard des femmes et les inégalités et stéréotypes de genres persistent.
"La moindre confiance en soi des filles et la surestimation de soi des garçons nous frappent" disaient les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet dans une interview pour Le Monde. En effet, dans leurs travaux, ces deux hommes se sont intéressés aux phénomènes d’auto-sabotage et au manque de confiance en leur capacité manifesté par de nombreuses femmes.
Alors, comment se libérer quand les chaînes sont autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de soi ? Comment se transformer soi et transformer le monde ?
Devenir soi-même, pour soi et pour les autres
Étrangement, la connaissance de soi et l’empowerment nous invitent à nous tourner vers autrui. Eh non ! Rester assise seule sur un rocher en regardant la mer n’est pas la solution ! 😉
Comme l’écrit le pédagogue brésilien Paulo Freire « Personne n’éduque autrui unilatéralement tout comme personne ne s’éduque seul : les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde [et] le but de l’éducateur n’est pas seulement d’apprendre quelque chose à son interlocuteur, mais de rechercher avec lui, les moyens de transformer le monde dans lequel il vit ». 🤓
L’empowerment féminin nous invite à nous rapprocher des autres, à partager nos expériences communes afin de trouver la force de dépasser nos existences individuelles et enfin gagner en puissance 🔥.
Vous avez déjà vécu une expérience similaire à quelqu’un de très différent de vous et senti un lien se créer ? Quand ce lien naît d’une injustice partagée, il permet à des individus hétéroclites de se constituer en communauté et de s’unir pour revendiquer leurs droits… comme lors du mouvement #metoo.
Beyoncé, une figure d’empowerment
Beyoncé a-k-a “queen B” pour les intimes, est incontestablement une des artistes pop les plus emblématiques des années 2000-2020. Avec plus de 100 millions d’albums vendus, son assise financière, ses unes dans le magazine Times qui la décrivent comme étant l’une des cent personnalités les plus influentes du monde, Beyonce se démarque à tel point qu’une controverse a éclaté dans la recherche universitaire. En effet, pour certaines universitaires féministes, Beyonce galvaude le mouvement féministe alors que pour d’autres, elle est l’incarnation du renouvellement idéologique d’un féminisme pop devenu cool.
Par ses chansons et ses actions, Beyoncé contribue à encourager l’émancipation des femmes. Elle les incite à se connaître, à prendre conscience de leurs désirs, de leurs capacités afin d’être libres et indépendantes : et ça, c’est de l’empowerment féminin dans toute sa splendeur ! 😍
Voici trois de ses chansons les plus évocatrices 🎶 :
- Grâce à la technique du sample pour faire entendre les mots de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie dans le morceau « ***Flawless » : « Nous devrions tou-te-s être féministes ».
- Dans « Pretty Hurts », elle dénonce les diktats d’une société normative qui contraint les femmes à se soumettre à des injonctions paradoxales.
"Blonder hair, flat chest
TV says bigger is better
South beach, sugar free
Vogue says
Thinner is better"
"(Des cheveux plus blonds, grosse poitrine
La télé enseigne que plus c'est gros meilleur c'est
Régime à la mode, sans sucre
Vogue enseigne
Plus mince, meilleur c'est)" 🎶
- Autre morceau, autre sample : dans « Yoncé », la chanteuse déclare qu’une féministe peut être épanouie dans sa sexualité, répondant ainsi indirectement aux critiques soulignant la dimension hypersexualisée de sa communication 🔥.
Quand les entreprises s’en mêlent...
Les marques ne sont pas passées à côté du phénomène : l’empowerment, c’est positif, c’est dans l’ère du temps et c’est vendeur...
Lors de la Fashion Week de Paris en 2016, le “We all should be feminist” (Nous devrions tous être féministes) de l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie s’est retrouvé plaqué sur les t-shirts blancs de deux mannequins du défilé Dior. De même, en 2018, la marque Zadig & Voltaire crée la marque Girls Can Do Anything. Nike, de son côté, choisit des égéries comme Serena Williams pour diffuser des spots sur l’égalité femmes-hommes.
Loin d’être négative, cette récupération mercantile contribue à rendre visible les femmes et à porter leurs messages.
Une source d’inspiration positive ...
L’empowerment donne d’ailleurs des résultats probants, comme le montre la vitalité des réseaux professionnels féminins qui aident les femmes à se positionner dans les organisations et à obtenir les places qu’elles méritent ! 😉
L’empowerment féminin n’est pas une mode éphémère mais un véritable concept sociétal dont chacun a la clé. Ce concept encourage les femmes à prendre conscience de leurs capacités et à agir pour participer au monde et le changer.