Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le travail des femmes a toujours existé : Antiquité, Moyen-âge, Renaissance, Temps Modernes… À chacune de ces périodes, les femmes étaient présentes et travaillaient.
Pourtant, selon une étude publiée le 18 juin 2020 par l’INSEE, en 2017, les femmes percevaient encore en moyenne une rémunération inférieure de 28,5% à celle des hommes dans le secteur privé. 🤷🏾♀️
Avec cet article, Blooming vous propose de faire le point sur l’égalité salariale homme-femme d’hier et d’aujourd’hui !
Où sont passées les femmes ?
Nous avons souvent tendance à évoquer le travail des femmes pendant les guerres - et notamment pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale - puisque la plupart d’entre elles ont remplacé les hommes enrôlés dans l’armée. ✊
Cependant, les femmes ont toujours travaillé. Selon l’historienne Lucile Peytavin « le travail des hommes et des femmes s’est développé au même rythme. Le seul contre-exemple, c’est dans les milieux plus favorisés, dans les milieux bourgeois, où là elles ne travaillaient pas à proprement parler. ».
Pendant l’Antiquité, déjà, la plupart des femmes travaillaient la terre ou vendaient les productions agricoles ou artisanales de leur mari sur la place publique. Seules les femmes vivant dans des foyers riches pouvaient se permettre de ne pas pratiquer une activité professionnelle. De même, au XIIIe siècle, les femmes pouvaient exercer des métiers aussi divers que médecin, couturière ou meunière. C’est vers la fin du Moyen-Âge, entre le XVe et le XVIIe siècle que les femmes se voient progressivement refuser l’accès au marché du travail.
Un travail invisibilisé
Pour l’historienne Lucile Peytavin, « le travail des femmes a été invisibilisé ». Même si les hommes étaient les seuls à pouvoir accéder au statut de « chef d’entreprise », les femmes étaient un maillon essentiel au bon fonctionnement d'un commerce.
En effet, « les femmes travaillaient sur des journées très longues et permettaient à ces entreprises de vivre grâce à la flexibilité de leur travail ». Elles devaient généralement ajouter à cela les nombreuses responsabilités inhérentes à la vie familiale - comme l'éducation des enfants, la préparation des repas, les travaux de couture et l’entretien de la maison.
Unsplash : Photo de l'Austrian National Library
Le droit face à la question de l’égalité
Il faut attendre le XXe siècle pour voir la législation s’emparer vraiment de la question de l’égalité salariale homme-femme.
Les années 1920-1930, en France, marquent une étape importante pour l’égalité salariale homme femme puisque les institutrices acquièrent le droit d’être payées autant que les instituteurs. En 1928, cette rémunération équitable est étendue à toutes les fonctionnaires.
Enfin : l’égalité !
Le 27 octobre 1946, une nouvelle étape semble franchie pour l’égalité salariale homme-femme puisque c’est à cette date, qu’est inscrit pour la première fois dans le préambule de la Constitution, le principe d’égalité entre femmes et hommes dans tous les domaines.
Le gouvernement de l’époque ne s’arrête pas là !
À l’époque, on parlait de “salaire féminin”, car être une femme abaissait automatiquement et légalement votre salaire. Le 30 juillet 1946, un arrêté supprime cette notion de « salaire féminin ».
Un auteur anonyme a écrit à l’époque dans la revue Droit social : « Cette expression de "salaire féminin" est en voie de disparaître. Ceux qui nous suivront ne nous comprendront pas. Ils s’étonneront qu’un travail ait pu être rémunéré en fonction du sexe du travailleur et non de la qualification du travail lui-même ou de l’effort ou de l’adresse qu’il exige… ».
Enfin, en 1972, le principe de l’égalité de rémunération est définitivement posé. « Pour un même travail ou un travail de valeur égale », la rémunération doit être identique.
Unsplash : The New York Public Library
L’égalité salariale homme-femme de nos jours
Même si la dernière enquête réalisée par l’INSEE indique que l’écart entre les salaires se réduit depuis quarante ans, nous apprenons également que les femmes perçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 28,5% à celle des hommes. Et qu’à poste égal, l’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes se situe autour de 5,3%. Alors d’où viennent ces 28,5% qui nous empêchent d’atteindre cette égalité salariale homme femme tant espérée ?
Les femmes, plus précaires face à l’emploi
Cet écart entre le salaire des hommes et des femmes est lié à plusieurs phénomènes :
- Tout d’abord, il faut savoir que les femmes sont plus nombreuses à occuper des emplois précaires ou à mi-temps. Selon le rapport publié par le Ministère des Droits des femmes.
- Elles obtiennent moins de primes que les hommes (environ un quart en moins).
- Les femmes occupent des postes dans des professions et filières non seulement moins variées que les hommes mais moins bien rémunérées.
- Elles accèdent plus difficilement à des emplois de cadre et à des fonctions d’encadrement. Ainsi, lorsqu’elles sont sur les mêmes carrières que les hommes, elles se heurtent à ce qu’on appelle le fameux “plafond de verre”.
Dans l’étude, on peut lire que 22,8% des postes occupés par les hommes correspondent à des emplois de cadre, contre 17,5% pour les femmes. D’ailleurs, parmi les 120 grandes entreprises françaises, seulement 9 sont dirigées par des femmes.
- Enfin, cette même étude nous apprend que les mères ont 60% moins de chance d’accéder aux 1% des emplois les mieux rémunérés.
Pour Brigitte Grésy, une inspectrice générale des affaires sociales : « Une femme vaut moins qu’un homme sur le marché du travail. Parce qu’elle est considérée comme un agent à risque par l’employeur, et ce risque, c’est l’enfant ».
Et si on faisait bouger les choses ?
Interrogée par le journal, Le Parisien, au sujet de son reportage sur l’égalité salariale homme-femme intitulé « Balance ton salaire », Elise Lucet invite les politiques à « s'emparer du sujet à bras-le-corps [et] taper du poing sur la table ».
« Les choses se sont améliorées. Cependant, j'ai été choquée de constater que la loi, qui date de 1972, n'est toujours pas appliquée. Il y a un blocage sociétal en France, notamment pour les métiers à prédominance féminine. Or, la crise du coronavirus a mis en lumière ces femmes de l'ombre - aides à domicile, infirmières, caissières - qui sont essentielles. Leur compétence professionnelle doit être reconnue, valorisée. Il est temps de faire bouger les lignes comme au Québec. »
Des pistes du côté du Québec ?
Si Élise Lucet évoque le Québec dans son interview, c’est parce que Monique Jérôme-Forget, la responsable du Budget du Québec entre 2003 et 2008 a gelé pendant deux ans le salaire des fonctionnaires pour financer l’égalité salariale homme-femme.
Un questionnaire standardisé a été mis en place par le gouvernement, les syndicats et une infirmière. Il a permis de revaloriser la paie de ces dernières. Le salaire des infirmier·e·s dépassent désormais celui des techniciens en informatique.
Si les différences de systèmes entre la France et le Québec empêchent l’application d’une solution
identique, la journaliste nous invite à remettre en question la hiérarchie des emplois telle qu’elle existe actuellement.
Continuons à construire des lendemains ensoleillés
Quoiqu’il en soit, ce petit retour sur l’histoire de la lutte pour l’égalité salariale homme femme vous aura montré qu’en à peine un siècle, les femmes sont passées de propriété de leur père/mari/fils à des êtres humains libres de toute tutelle.
Même si les vieilles habitudes et les idéaux d’un autre temps semblent encore perdurer dans certains esprits, il paraît tout à fait raisonnable de croire que nous finirons par atteindre l’égalité professionnelle.
Le plus tôt serait le mieux, mais en attendant, continuez à croire en vous et à mener les projets qui vous inspirent. ✊