La révolution menstruelle est en marche, pourtant les règles sont malheureusement encore stigmatisées. Afin de lever les tabous, il existe un nombre croissant de travaux contre les clichés liés aux menstruations, notamment dans le domaine artistique
Le courant de l’art menstruel existe depuis les années 1970. S'il reste longtemps ignoré, rejeté ou peu médiatisé dans la culture populaire, il est désormais mis en lumière via les réseaux sociaux. Sur ces derniers, on assiste en effet à l'émergence d'une nouvelle génération d'artistes qui oeuvre à démocratiser cet art. Blooming vous dévoile ses 6 coups de coeurs à suivre !
Jen Lewis la photographe des menstruations
Nos menstruations peuvent être très photogéniques. C’est ce que nous apprend la photographe américaine Jen Lewis avec sa série de photographies : “Beauty in Blood” (que l’on traduit par “La beauté du sang”). Elle photographie en gros plan le sang provenant de sa cup menstruelle : des fluides abstraits bordeaux et évanescents qui nous rappellent la peinture aquarelle.
“Un jour, après avoir vidé ma coupe menstruelle, j'ai observé le sang qui restait sur mes doigts et j'ai commencé à me demander pourquoi la société considère les menstruations comme quelque chose de déplaisant. Le sang, les références gore et la violence gratuite sont omniprésentes dans la culture pop (les infos, le sport, les films, les jeux vidéo, la musique...) mais le sang des règles est complètement absent du paysage visuel", explique Jen Lewis
Site : http://beautyinblood.com/
Instagram : https://www.instagram.com/beautyinbloodus/John Anna, la peinture au sang menstruel
John Anna est une peintre et graphiste nantaise. En 2013, elle décide de changer sa peinture acrylique pour un liquide plus organique et moins coûteux : son sang menstruel. Un projet qu’elle nomme la “Womantruation”.
Painful Love - John Anna
Son combat est de dé-stigmatiser les règles en utilisant la symbolique de son sang menstruel. Il lui arrive même parfois de mélanger son sang avec du sperme,procédé que l’on retrouve dans des oeuvres comme “Le Graal”.
Site Internet : https://womanstruation.tumblr.com/
Instagram : https://www.instagram.com/womanstruation/?hl=fr
Laëtitia Bourget et ses mouchoirs menstruels
Laëtitia Bourget est une artiste française connue pour utiliser le sang menstruel dans toutes ses oeuvres.
Exposition - Les Mouchoirs Menstruels - Laetitia Bourget
Habituée à utiliser ses propres outils, l’artiste décide de peindre, entre 1997 et 2005, son sang menstruel sur des mouchoirs en papier.
C’est ainsi qu’est né le projet : Les mouchoirs menstruels. Elle s’est inspiré de l’Arte Povera, utilisant des “produits pauvres” pour un retour à la racine et à l’organique. Les mouchoirs représentent des formes géométriques, primitives ou encore des portraits.
Exposition - Les Mouchoirs Menstruels - Laetitia Bourget
Exposition - Les Mouchoirs Menstruels - Laetitia Bourget
Site Internet : https://www.laetitiabourget.org/intro.htm
Instagram : https://www.instagram.com/laetitiabourget/
Marianne Rosenstiehl, la métaphore des règles
La photographe Marianne Rosenstiehl choisi d’exposer les menstruations à travers plusieurs tableaux. The Curse (que l’on traduit par “La malédiction”) s’interroge sur l’invisibilité du sang menstruel.
Dans ce projet très personnel, la photographe a souhaité proposer une interprétation contemporaine du sujet, de l’adolescence jusqu’à la ménopause. Elle prend en dérision les expressions populaires stigmatisant les règles comme “Les Anglais ont débarqué”.
Elle met aussi en scène certains mythes menstruels : pendant leurs règles, les femmes devaient traverser les champs afin de pouvoir tuer les insectes. Une tradition paysanne angevine datant du XIXe siècle qu’elle tourne en dérision dans “La limace”.
Site Internet : http://www.marianne-rosenstiehl.com/
Rupi Kaur, enflamme les réseaux avec ses règles
L'artiste canadienne de 27 ans, d'origine indienne, se fait connaître en 2015 pour ses clichés sur les menstruations censurés par Instagram. L’application juge alors son contenu pornographique et outrageant.
L’artiste s’empresse de dénoncer l’hypocrisie du réseau social qui décide de censurer un corps vêtu et alité simplement tâché par son sang menstruel.
Voici un extrait de son texte :
(...) Certains sont plus à l’aise avec la pornification des femmes. La sexualisation des femmes. La violence et la dégradation des femmes, que ça. Ils ne prennent même pas la peine d’exprimer leur dégoût à propos de tout ça. Mais ils vont être irrités par ceci. On a nos règles et ils trouvent ça sale. Demande d’attention. Malade. Fardeau. Comme si ce processus était moins naturel que de respirer. Comme si ce n’était pas un pont entre cet univers et le dernier. Comme si ce processus n’était pas de l’amour. Du labeur. De la vie. Altruiste et incroyablement beau. »
Grâce à la mobilisation de la communauté, Instagram autorise finalement la photographie et s’excuse platement.
Site web : https://rupikaur.com/
Instagram : https://www.instagram.com/rupikaur_/?hl=frNikki Tajiri, la poétesse des règles
Une poétesse américaine que nous aimons régulièrement poster sur notre instagram : Nikki Tajiri. En 2019, elle sort son recueil : She dreams when she bleeds (que l’on peut traduire par : “Elle rêve lorsqu’elle saigne”).
Le recueil compte plus de 50 poèmes accompagnés d’illustrations peintes par Nikki Tajiri elle-même. Les textes sont un hommage au pouvoir symbolique et spirituel des menstruations. Le livre est écrit comme un voyage. Il représente la guérison de l’auteur avec son propre cycle menstruel, la féminité et les tabous menstruels. Elle met en exergue la sagesse spirituelle et émotionnelle que nos menstruations peuvent inspirer. Nikki Tajiri célèbre la féminité, la natalité, le pouvoir ou encore la honte de nos règles.
Site web : https://www.instagram.com/nikkitajiri/?hl=fr